Le Gardien, Soleil-Dieu de l'île, ne descend jamais sous l'horizon, veillant constamment sur ses protégés. Omniprésent, il aime à se balader de nuages en nuages, errant dans le ciel. Au milieu de son cercle, siège un œil immense, témoin de toutes les actions du pays. Quand le Gardien s'endort, son œil se ferme, plongeant le monde dans l'obscurité.

Il s'endort et s'éveille au même rythme que les hommes, créant ainsi le cycle des Jours et des Nuits. Cependant, il arrive qu'il s'éveille en plein sommeil, rallumant brutalement les lumières, ou qu'il décide de faire une petite sieste à peine levé... Les habitants sont tout à fait habitués à ces facéties, et ne tiquent qu'à peine quand la nuit tombe en plein milieu de l'après midi. Ils ont appris à ne pas tenir rigueur de ses grasses matinées, ou de ses rares insomnies.

Le crépuscule s'annonce généralement par un œil fatigué, mi-clos, et la diminution des déplacements du Gardien. Il est le plus actif à la mi-journée, l’œil grand ouvert et filant d'un bout à l'autre du ciel.

Dieu protecteur, garant de la force vitale, il est invoqué dans beaucoup d'expressions communes : "dormir du sommeil du Gardien", "le Gardien m'en protège", "que Son Œil brille sur ta vie", "putain de bordel de Gardien"... Depuis tout temps, une question inspire les poètes et les philosophes : à quoi peut-il bien rêver ?

La Première Lune, déesse de l'équilibre et de l'harmonie, trône en permanence dans le ciel (sauf lorsqu'elle décide de s'éclipser on-ne-sait-où et disparaît le temps d'une nuit). A peine visible le jour, elle se révèle la nuit dans toute sa majesté. Elle s'éloigne et se rapproche au gré de ses envies, parfois immense et proche, parfois lointaine. Personne n'arrive à expliquer pourquoi d'une lune ronde et pleine, il n'en reste certaines nuit qu'un croissant de taille variable ; et chacun rivalise de sa théorie la plus folle.

La Dernière Lune, déesse de la mort et du chaos, est le dernier astre notable du ciel du Quart-Pays. Petite, tachetée d'un arc-en-ciel de couleurs, c'est la seule qui semble tourner régulièrement autour de la terre, apparaissant et disparaissant à l'horizon. Elle se contente la nuit d'émettre une lumière rougeâtre, plus ou moins intense ; la plupart du temps, on la remarque à peine. Les plus superstitieux craignent les nuits où elle trône seule dans le ciel, baignant le monde d'une lumière rouge.

Entre la Première et la Dernière Lune, il n'y a pas, dans l'état actuel de la connaissance, d'autres satellites répertoriés. Les étoiles sont des étoiles, les éclipses sont fréquentes et banales, la danse des corps célestes un ballet comme un autre. Les astres sont toutefois une source d'inspiration intarissable pour les artiste, comme pour le clergé. L'influence des deux lunes combinées et leur imprévisibilité rend la navigation en mer ardue, voire impossible. Les marins restent près des côtes, et ceux qui osent s'aventurer au large ont une fâcheuse tendance à ne pas revenir.